Mercredi soir, premier jour de la nouvelle réglementation, j’ai accompagné dans les rues de la ville une patrouille de police qui procédait à l’interpellation des contrevenants.
À 18h30, nous avons fait avec deux fourgonnettes la tournée des bars et des restaurants pour vérifier que les clients respectaient la distanciation sociale et portaient des masques, désormais obligatoires en public. Beaucoup de gens n’en portaient pas, mais s’ils se montraient coopératifs, les agents les laissaient partir. Quiconque résistait ou causait des problèmes était embarqué au poste de police.
À 20h, départ du couvre-feu, la patrouille a installé des barrages à un grand rond-point et arrêté véhicules et passants pour vérifier les raisons de leur présence à l’extérieur. La plupart ont indiqué rentrer des courses, de l’hôpital ou du restaurant, ne pouvant faire la cuisine chez eux.
À un certain moment, les policiers ont intimé à un groupe d’hommes de s’asseoir par terre et demandé à chacun d’expliquer son cas. S’ils avaient une attitude respectueuse et fournissaient une explication satisfaisante, ils étaient libérés, mais les protestataires et les querelleurs étaient emmenés au poste de police, où ils pouvaient se voir signifier une amende de 20 000 à 200 000 francs congolais (de 10 à 100 € au taux officiel) pour avoir enfreint les nouvelles règles.
Selon mon estimation, ce fut le cas d’une vingtaine de personnes ce soir-là. La patrouille terminée, j’ai été arrêté à un barrage de police en rentrant chez moi. Je leur ai montré ma carte de presse et ils m’ont laissé passer. Je suis rentré à la maison à 22h30. C’était seulement la première nuit du couvre-feu, il y avait encore deux semaines à tenir.