République Démocratique du Congo

Goma, RDC, 8 juillet 2020. Arrêtés par la police, ces manifestants protestent contre la nomination à la tête de la commission électorale d’un homme accusé d’avoir manipulé des votes à l’avantage de l’ancien président Joseph Kabila. Les autorités congolaises sont critiquées pour avoir réprimé des détracteurs pacifiques, des journalistes et des membres de partis d’opposition, en utilisant le prétexte de l’état d’urgence pandémique pour étouffer les protestations politiques. © Moses Sawasawa pour la Fondation Carmignac

Deuxième pays le plus vaste et quatrième pays le plus peuplé d’Afrique — et première nation francophone —, la République démocratique du Congo, qui se nomma Zaïre entre 1971 et 1997 et qu’on appelle aujourd’hui RDC, Congo-Kinshasa ou RD Congo, est souverain et indépendant depuis 1960.

Bien longtemps après que le roi des Belges Léopold II s’en soit approprié personnellement le territoire, il s'y déroule une histoire sombre et convulsive : assassinat de Patrice Lumumba (1961), prise du pouvoir sanglante de Mobutu Sese Seko et dictature corrompue de « Papa Maréchal » (1965-1997), état de guerre quasi permanent entre 1996 et 2005 (plus de 5 millions de morts), guérillas, rébellions et banditismes divers depuis lors, essentiellement au nord et au nord-est.

En 2018, la RDC a été classée 176e pays sur 200 par l’indice de développement humain du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement).

L'élection en décembre 2018 de Félix Tshisekedi, première alternance démocratique de l’histoire de la république, suscite l'espoir à Kinshasa comme dans le reste du monde : celui d’une stabilité politique et sécuritaire réelle, d’une préservation et d’un contrôle efficaces des ressources naturelles et minières, d’une reconstruction équitable de l’économie, des infrastructures et du système de santé.

Les tâches sont aux dimensions du pays : alors que le Congo détient plus de 50 % des réserves d’eau africaines, seulement 30 % de sa population a un accès direct à l’eau potable et 8 % à l’électricité ; sur ses 58 000 km de route, 3 126 seulement étaient bitumés en 2018 ; la malnutrition et les maladies endémiques comme paludisme, sida ou Ebola y sont plus meurtrières que les violences, tout aussi endémiques, qui frappent les villageois dans les champs, les gardes dans les réserves naturelles, et les femmes en tous lieux.

Une autre tâche s’impose, non moins capitale : libérer et améliorer l’information. Alors que la RDC compte au moins 450 radios (le principal média), autant de publications (au tirage très faible) et 135 chaînes de télévision (la plupart de divertissement), moins de 5 % des 95 millions de Congolais ont accès à Internet et le Congo n’occupe que le 149 ème rang sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (2021). À Kinshasa comme dans les autres grandes villes, journalistes, écrivains, photographes, vidéastes informent dans des conditions d’indépendance et de sécurité terriblement précaires.

La pandémie de Covid-19, qui a fermé les frontières, immobilisé les populations et porté un coup terrible à une économie massivement parallèle, donne donc à la Fondation Carmignac l’occasion de partager ces voix et ces images, venues d’un magnifique pays comblé de malheurs mais aussi de richesses et d’espoirs, et dont les deux tiers des habitants ont moins de 20 ans.