Parc national des Virunga, le 23 février 2021
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Un représentant de l’ambassade d’Italie et un chauffeur du Programme alimentaire mondial (WPF) ont également été tués dans l’attaque qui a eu lieu près du volcan Nyiragongo, dans le parc des Virunga. Ces forêts de montagne abritent des dizaines de groupes armés, dont certains sont associés au génocide rwandais de 1994.
Si la mort de l’ambassadeur est l’événement le plus spectaculaire survenu dans cette région frontalière du Rwanda, elle s’inscrit dans la flambée de violence qui affecte la plus grande partie de l’est du Congo, comme en atteste le Baromètre sécuritaire du Kivu (Kivu Security Tracker), un outil d’évaluation mis en place par l’ONG Human Rights Watch et le Groupe d’étude sur le Congo. Le rapport du KST publié ce même lundi identifie pas moins de 122 groupes armés distincts dans les quatre provinces orientales de la RDC. Et il enregistre un record de 5,5 millions de personnes déplacées dans tout le pays.
Selon les Nations unies, plus de 2 000 civils ont été tués dans trois de ces provinces l’an dernier, lors d’attaques attribuées à ces groupes armés. L’un des pires massacres dans l’histoire récente des Virunga s’est produit en mai 2020 : 17 personnes dont 12 gardes forestiers ont péri dans une embuscade sur la même route de Goma à Rutshuru empruntée par l’ambassadeur. Depuis des années, le parc subit les attaques incessantes de rebelles, de milices, de braconniers et de bûcherons qui ont causé la mort de centaines de gardes forestiers. La plus récente date de janvier : six gardes patrouillant à pied ont succombé à une embuscade.
Selon le rapport du KTS, quatre groupes armés – les Forces démocratiques alliées (ADF), les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), l’Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS), la Nduma défense du Congo-Rénové (NDC-R) – sont impliqués, outre l’armée nationale, dans plus du tiers des incidents et plus de la moitié des meurtres de civils. Et les ADF en ont tué plus (37 %) que les autres.
Cette violence est alimentée de très longue date par les tensions régionales avec les voisins rwandais, burundais et ougandais. Historiquement, sa dynamique se nourrit autant de conflits locaux autour des terres et des ressources que de luttes pour le pouvoir politique et coutumier.